Publiée le par Catherine CHAUVIN
Allez viens, je te raconte...
Postulat de départ : j'ai une cheville en mousse suite à une entorse et une tendinite d'achille à l'autre. Je suis inscrite sur 53km 56km selon la page du site que tu lis.
Moralité : je sais que ce ne sera pas la course de ma vie et je ne sais pas si je vais finir.
Le plan : allez à minima aux Tours de Merle (15 km) et après, bah avec un coup de pouce divin, sur un malentendu..
La veille : lucidité, mon second prénom. Ca me pousse à avoir anticiper à bloc la parcours (il est gravé dans ma petite cervelle), à avoir inscrit tous les ravitos au dos de mon dossard au cas où, à avoir un téléphone chargé à bloc et une lampe frontale dans le sac. Du coup, je me suis inséré dans mon sac de couchage pleine de lucide séreinté.
Jour J : Bon ben quand on y est, on y est, les deux pieds dans la merde, sur la ligne de départ. Les gars devant, avec Mauricette (Cécé) à l'arrière...bon je vous épargne les bouchons et la perte de temps, mais moins notre tronche quand on arrive à 12h et des poussières et que le gars nous dit fin de chantier, c'est fini pour vous. En termes d'acceptation, ça se pose là...
et alors que ton esprit vient de comprendre que tu t'es fait baché au km 15, Maurice-les-bonnes-nouvelles nous dit avoir négocié avec l'orga pour 15 min de rab mais non reportables à la barrière suivante. Bon ben changement de plan, tu ramasses ton mental qui venait de tomber à tes pieds et sur lequel tu avais marché, un bout de jambon dans la goule, un remplissage de flasque et ça repart. Evidemment, j'avais coupé la toquante, donc redémarrage, perdage de km, j'ai fait des additions jusqu'à la fin ou presque moi qui suis une chèvre en maths...
Après, c'est un peu flou, si ce n'est qu'on se perd rapidement avec Mauricette et que je commence, comme à mon habitude, à ramasser les chiens errants.. le 1er, un gars complètement aux fraises qui dans la panique à zapper la collation aux Tours et à 7km du prochain gouter n'a ni eau, ni bouffe et de toute façon, n'est plus capable d'ingérer quoi que ce soit... bon je pouvais pas la planter au mileiu d'un champ mais il a fini par insister pour que le laisse arce que de toute façon, il s'arretait au prochain point.
Et après, ben tranquille pour ménager mes jambes de bois.... ravitos par ravitos, bouffe par petits bouts et ça roule.
Un nouveau chien errant en galère avec des crampes depuis... le km 1 que j'ai rattrapé dans une côte.Pas sa journée. Pour moi, par contre, pas d'arrêt, pas de pause...on enfile mais en mode préservation et ça passe jusqu'au barrage. Jusque là, j'ai profité de la présence de notre Guigui et mari de Mauricette (François) à chaque ravito. ah les flatteurs à me dire que j'avais une bonne tête.
Et là, dans ce putain de barrage, LA pancarte qui te dit qu'il te reste 15km et 700m de D+ alors que tu en as dajà fait 44 ... les comptes ne sont pas bons KEVIN !!! Mais je repars et je me dis qu'à la prochaine route, j'appelle Guigui pour qu'il vienne me chercher, parce que flute, ras le casque, ça va bien et tout et tout. A 2 doigts de bruler le sac, les pompes, le dossard et tout le saint frusquin. On comprend, que là j'avais une petite baisse de persévérance.
Bon ben le temps de sortir de la forêt et de retrouver une route, soit un bon gros moment, l'idée était passée parce qu'il restait plus grand chose à se farcir ^^
Après la nuit tombe, les repères changent, et tout passe à la frontale. On se couvre, on éclaire et ça roule...On commence a aider les autres à sortir leurs affaires du sac, surtout ceux du 80 km et à éclairer ceux qui n'ont pas de lampe. L'entraide comme on la connait.
Mais le moment de grâce de cette soirée, je ne m'en lasse pas : je suis dans le noir, en fin de forêt on longe un cours d'eau et je sais que j'arrive à un pont. J'entends des gens beugler depuis un moment mais on comprend rien...jusqu'à ce que j'entende "Catheriiiinnneee !! Et là, je me dis, putain, ils sont forts, ils lisent mon nom sur mon dossard dans le noir... Wouah balèze... bon là c'est le stade où le cognitif est limite efficient, le cerveau est clairement débranché ^^ Bref, je rejoint le pont, passe devant le groupe des Pieds Nickelés de R4F : les filles et Julien, ils calculent même pas que c'est moi qui passe à côté. Ca pourrait être vexant mais quand je les imagine brailler Catheriiinnne encore 20 minutes dans le noir, le froid sur un pont avec tous ces gens qui leur ont répondu en se payant leur tête, j'avoue, j'en rigole encore !! 🤣🤣🤣
Et pour ceux qui demandent, la Corrèze est ravitaillée par les corbeaux. Le téléphone passe une fois sur 10, alors non, je ne décroche pas en course, encore moins de nuit, dans une côte en jouant des bâtons 😅
Une arrivée relativement anonyme ... jusqu'à la salle des fêtes, mais une arrivée sur mes deux pieds, en bon état et sans abandon. Mieux que le plan ! 💪
Conclusion : Je n'ai jamais enjambé autant de troncs d'arbre de ma vie. A croire qu'ils nous ont pris pour des poneys. Expérience exigeante mais sans souffrance réelle pour ma part.
Sérieusement, je commence a bien me connaitre, ça dépanne. Le GRP m'a beaucoup aidé à me forger le casque (fanion par fanion) et les autres trails à la con avec binome commencent à agir. Les conseils de Vincent sur les petits pas sont validés et ses podcast ont servi. Merci M. MEUNIER ! Je me suis trouvé un bon mantra :"tu peux le faire, tu l'as déjà fait ! Connasse !" et ça passe.
Par contre, en toute amitié, si vous perdez quelqu'un, choisissez bien dans les adhérents qui vous envoyez à sa recherche...sous prétexte que tu ne jures pas comme un charretier, tu peux passer complètement inaperçu 😂









sportsregions