Mon Marathon Cote d'Amour
Publié le 05 novembre 2024 par Erwan KERYER BIBENS
La course à pied ça ne se passe pas toujours comme on le souhaite. A R4F il n’y a pas que des succès. Au passage de la ligne, pour moi ce Marathon de la Cote d’Amour est un échec. Mais avec du recul et en ayant digéré la course je ne peux pas parler d’échec même si au niveau chrono ce n’est pas ce que j’attendais. Ce n’est pas un échec car j’ai pris le départ alors que de Mai à Aout je ne pouvais pas courir. Ce n’est pas un échec car 12 semaines de préparation c’est long et il faut jongler l’entrainement, la famille, le boulot, les coups de moins bien. Être au départ c’est une chance. Ce n’est pas un échec car tragiquement un coureur est décédé.
Pour moi, un marathon il faut le prendre dans son ensemble : la prépa, la course, et aussi la récupération les jours d’après courses.
La prépa s’est bien passée dans l’ensemble. Les tendons, les genoux globalement ont tenu le coup. Quelques séances ont sauté car malade, coup de mou ou qu’un de mes deux ados m’a dit au dernier moment « je viens avec toi » (ça tu ne peux pas dire non même si ça fait foirer ton plan). Mais 12 semaines c'était long. 3 à 4 sorties semaine c’est aussi usant mentalement. J’en avait un peu marre à la fin et hâte d’être au jour J.
Comme je me sent prêt avec la prépa et que j’ai 4h dans la tête je suis un peu déçu de voir que j’ai mis 4h15 au moment de l’inscription. L’idée était de suivre le meneur 4h pendant 25/30 km et de voir ensuite. Donc changement de plan et je me dis que je vais partir un peu plus vite et me caler sur le meneur 4h rapidement. La veille au soir je suis déjà en mode compétition. Dernier repas qui fait rêver mais je sais qu’il faut que je fasse attention à la digestion car ça peut tout remettre en cause. Un message de Michel, des messages des copains de R4F. C’est cool d’avoir du monde derrière soi.
Dimanche matin j’arrive tranquillement sur le front de mer de La Baule. Il ne fait pas chaud, le ciel est voilé mais ça doit se lever et se réchauffer. Je passe à la consigne et me rend compte qu’il faudrait que je dépêche un peu. Echauffement, étirement dynamique de déverrouillage des articulations pour rejoindre la ligne de départ. Je rejoins Vanessa qui est déjà dans le SAS de départ. 9h45 Top départ mais c’est quoi cet horaire, d’habitude c’est l’heure à laquelle je rentre.
Rapidement je laisse Vanessa pour rattraper les meneurs d’allure 4H. Même si je ne fais pas la jonction trop vite j’ai peut-être une allure légèrement trop rapide sur ce début de parcours. Pourtant 5’30/5’35 je gère et je suis bien. Pas le sentiment de forcer. L’ambiance est sympa. Il y a beaucoup de supporters. Vers le 7e km on débouche sur le bord de mer pour 3km. Malheureusement le ciel est toujours bouché et la vue est moins sympa que je l’espérai. On croise certains participants du semi qui sont dans le dur (ça sera malheureusement mon cas dans 25km). Un peu avant le 10e Loic Peron en local encourage les coureurs. J’ai les fanions des meneurs d’allure 4h en visuel et je raccroche la fin du groupe au bout de 12-13km. Ils reprennent de l’avance aux ravitaillements (10 et 15) mais pas d’inquiétude le chemin est encore long. Je m’arrête peu aux ravitaillements. J’ai ma boisson avec moi car je me méfie de l’eau trop froide aux ravitaillements (souvenir de La Rochelle). Je prend quand même un fond d’eau et un peu d’orange. J’ai mes BAOUW dans ma poche.
Entre le 11e et le 18e km ont est dans le marais de Guérande. J’ai fait confiance à Météo France. Ça fait une semaine que les prévisions sont bouchées et frais le matin mais beau temps et chaleur l’après-midi. Ce sont encore les prévisions pour la journée avec annoncé 8° au départ à 9h45 et 15-16° en début d’après-midi avec du soleil. Sauf que ça fait une semaine que le soleil ne s’est pas levé et qu’il ne va pas encore se lever aujourd’hui. Je suis en t-shirt avec les manchons car je me dit qu’après le départ je vais vite me réchauffer et qu’à partir de la mi-course il va faire beau et chaud. Raté. En ville à l’abris du vent ça passe mais là dans le marais en plein vent d’Est j’ai froid.
On quitte le marais vers le 19e. A partir du semi nous sommes dans Le Croisic. Moins d’ambiance sauf sur le port. J’ai rattrapé le 1er meneur d’allure 4h et rejoint rapidement le 2e qui a pris qq 100aine de mètre d’avance. Je trouve que l’allure est quand même rapide et c’est plutôt 5’35 que 5’40. On retrouve le bord de mer mais pas le soleil et une ou deux montées où j’ai du mal à suivre le meneur. Petit à petit je décroche je sens que c’est plus difficile. Manque de jus. Le 2e meneur me rattrape, je l’entend dire qu’on a 3 minutes d’avance sur le plan. Je me disais bien que le rythme était un peu rapide pour du 4h. Je m’accroche au meneur jusqu’au 30e et lâche mentalement. Un marathon commence au 30e. Aujourd’hui il s’arrête là.
C’est mon point faible je pense. Je n’ai pas le mental pour relancer, pour me faire mal. Quand les jambes ne veulent plus c’est la tête qui doit prendre le relais. Moi quand c’est dur j’ai assez facilement tendance à lâcher.
En plus depuis un petit moment j’ai le psoas droit qui tire. Je craignais que les tendons d’achille ou genoux déraillent mais c’est ailleurs que ça flanche. Je ralentit, commence à marcher et m’embarque dans une galère de 10km. J’essaie d’étirer le spoas, mauvaise idée crampe à l’ischio. Vanessa arrive juste à ce moment. Elle s’inquiète et m’encourage à la suivre. Ce n’est pas facile pour elle mais c’est encore plus difficile pour moi. Je lui dis de ne pas m’attendre et de faire sa course. De toute façon je ne peux pas suivre son allure. J’alterne trottiner et marcher puis de plus en plus marcher. Le psoas me fait mal quand je trottine et le tendon d’achille gauche se réveille quand je marche. Les douleurs sont supportables mais c’est chiant. Je suis déçu.
L’objectif chrono est mort depuis un moment et maintenant l’objectif de ne pas subir la course est mort aussi. Je vais donc terminer en mode rando. Je ne voulais pas marcher mais pas le choix. Au moins, point positif au niveau gastrique ça se passe bien. C’était une autre crainte avant le départ mais la stratégie de se méfier des ravitaillements et d’avoir tout sur soit est la bonne. Le fait d’avoir une flasque avec moi me permet de boire régulièrement entre les ravito. Stratégie a garder.
J’avance mais j’en ai marre et j’ai toujours froid. J’arrive au ravito du 35e quand Vanessa en repart. Elle m’encourage à ne pas lâcher et à la suivre pour finir ensemble. Pas possible. Entre le 35e et 38e le parcours n’est pas si plat que ça. Peu de dénivelé sur ce parcours mais tout doit être là. Au 38e il y a deux secouristes de la SNSM. En général ils étaient tous les 5 km aux ravitaillements. J’ai failli m’arrêter au 35e. Là je vais les voir et leur dit que je ne veux plus continuer. Plus d’envie, plus de plaisir, je me sens moyen et j’ai froid. Ils me demandent si je suis sûre de vouloir arrêter car il ne reste pas grand-chose à faire. 4 km en marchant ce n’est pas grand-chose. Ok mais ça fait déjà 6 ou 7 km que je marche. Ils sont à pied donc ils ne vont pas pouvoir me ramener. Ils n’ont pas de couverture de survie à me laisser. Par contre un des gars me propose sa polaire pour que je marche tranquillement au chaud. J’hésite, j’accepte, je remercie vivement et je repart. Au chaud ça va mieux. Au 40e je retrouve un peu de jus et recommence à trottiner un peu. Les douleurs musculaires sont plus ou moins passées, en tout cas supportables. Je vais finir ce marathon aux couleurs de la SNSM. Je passe quand même la ligne aux couleurs de R4F. Pas vraiment de plaisir/fierté d’avoir passé la ligne. Content d’être arrivé et d’être au chaud. Je me pose, récupère, lit le suivi live des copains de R4F qui s’inquiétaient de ne plus me voir avancer sur l’appli. Sympa de votre part. Ca réconforte.
Je suis déçu mais avec le recul plus du vécu que du résultat. Je me suis mis la pression du chrono/résultat mais je pense que c’est la mauvaise approche. Je fais un bon 30km mais c’est peut-être ma limite. Au-delà il faut laisser tomber le chrono et c’est ce que je fais très bien en trail. 42 km en trail en 4h30, j’accepte, je profite de la course et je la vie. Il faut que je fasse pareil sur marathon. Pas de chrono, pas d’allure. Profiter de la course et ne pas la subir. A mettre en place pour le prochain (cette fois ci je n’ai pas dit « plus jamais de marathon »). Pourtant j’avais l’impression d’avoir une stratégie prudente. Après la météo est un facteur qu’on ne contrôle pas. Coup de chaud à La Torche et à Saumur, coup de froid à La Rochelle et La Baule. Soi je n’ai pas de chance soit j’atteins aussi les limites physio de mon corps.
Dans la vision globale de la course je dirai que l’avant c’est bien passé, le pendant bien sur 30km, pas bien sur 12. L’après se passe bien. Je marche, pas vraiment de courbatures. Pas plus de fatigue que d’habitude et au niveau digestion ça va. Donc point positif de ce côté là aussi.
Encore merci les copains/copines pour les messages avant/pendant/après. A bientôt à l’entrainement et sur une prochaine ligne de départ.